Salut l'Artiste !
Il fut jadis un temps que, bien heureusement (ayant moi-même bien plus de vingt ans ;-) j'eu la chance de vivre intensément lorsqu'alors adolescent, j'eu l'indicible sentiment que par la grâce de ton incroyable talent, les cordes sensibles d'hommes et de femmes, par millions, de toute nationalité et de toute condition, parvenaient à se mettre à ton diapason pour tous vibrer à l'unisson.
De Tokyo à San Francisco et de Moscou à Tombouctou, tu as donc eut ce pouvoir qui a pu paraître "vaudou", de tous nous rassembler, que l'on vienne d'ailleurs ou bien de n'importe où, que l'on soit star bobo ou même enfant du ghetto, simple matelot ou capitaine du "bateau".
D'ailleurs un autre musicien, quant à lui chanteur, a su mettre des mots sur ce que, selon moi, représentait ta formidable valeur. Car ton flamenco en était d'autant plus pur et encore plus beau que, toi Ricardo, tu n'imaginais sans doute pas porter si bien ce crédo :
"La musique parfois a des accords majeurs
Qui font rire les enfants, mais pas les dictateurs
De n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur
La musique est un cri qui vient de l'intérieur".
Mais chez toi ton "cri", 'représentait la plus belle des clameurs, tant il parvenait à s'exprimer dans une suave douceur. Car point de rages et de hurlements ne transperçaient jamais tes célèbres mains d'argent, qui savaient si bien transcender l'espace et le temps pour, qu'au sommet de ton art et de l'incroyable maîtrise de ton instrument, tu nous embarques alors jusqu'au firmament, dans l'indicible joie de ton soleil aimant.
Pourtant avant que devenir roi et alors que tu es né sétois, tu n'étais qu'un gitan sur lequel, lorsque tu étais enfant, l'on posait souvent un regard bien méprisant. Ainsi, une fois devenu le maître Manitas et que, parmi les stars, tu faisais partie du carré d'as, alors tu aurais pu comme d'autres, hélas, de ces préjugés violemment en briser la glace.
Mais telle n'est pas la loi du peuple cher à ton coeur, car lorsque autour de votre feu l'on vient chercher un peu de chaleur, que l'on soit milliardaire de la dernière heure ou pauvre et pour certains sans valeur, toujours à votre table, quel formidable honneur, nous sommes nourris à l'égal de vos frères et soeurs pour que votre musique prenne alors une improbable hauteur et qu'elle retombe sur nous en pluies de bonheurs comme autant de douce brassées de fleurs.
Oui, votre incroyable sens du partage est pour certain d'un autre âge mais nous rappelle ce que fut jadis le temps des hommes sages qui, avant que l'humanité du gain matériel sans fin poursuive le mirage, étaient capables d'aimer leur prochain bien au-delà des nuages.
Alors aujourd'hui Ricardo Baliardo dans ta dernière roulotte tu viens de trouver l'éternel repos et nous, tes aficionados, que l'on soient wisigoths ou même ostrogoths, nous sommes désespérément orphelins de ton flamenco. Pourtant, il y a peu et en quelques mots, du désignais l'un de ceux capable de reprendre le flambeau : un certain "Mario", du groupe "Gipsy del Mundo"…
Est-ce bien lui le "messie" qu'aujourd'hui l'on attend pour que vive jusqu'à la fin des temps les "Unik" talents de ton peuple dont il est l'un des descendants ? En tout cas, pour sûr, il en est un digne représentant qui, comme toi assurément, possède des mains d'argent pour que toute mélodie, soudainement, se transforme en formidables rivières de diamants dont l'éclat éblouissant peut faire comprendre à nos enfants combien il est important, qu'à l'instar des gitans, nous sachions partager le feu commun de notre clan, si nous voulons avoir encore une chance, réellement, de préserver notre Environnement.
Le Roi est mort vive les "Régis del mundo" ! ;-)